New York : Harlem, la perle noire
New York : Harlem, la perle noire
Créée par des colons hollandais, New York porta tout d'abord le nom de Nieuw Amsterdam. En raison de la qualité de la terre, en 1658, des paysans fondèrent, au nord de la ville, le village de Nieuw Haarlem du nom d'une ville de Hollande. Peuplé initialement de fermiers, Harlem devint ensuite le lieu de résidence des riches New Yorkais. A la fin des années 1880, l'effondrement des prix résultant de la trop forte spéculation attira une population noire pauvre.Devenu dans les années 1960 un centre d'activisme politique avec des leaders comme Malcom X, Harlem retrouve aujourd'hui sa sérénité et attire à nouveau une population blanche aisée. Ainsi, l'ancien Président Clinton a choisi le quartier pour installer ses bureaux.
Le célèbre quartier black de New York, en pleine rénovation, offre un nouveau visage aux voyageurs, un visage plus serein, loin de celui de la violence urbaine des années d’antan. Désormais, le passant peut s’y promener en toute tranquillité, sans craindre une mauvaise rencontre… Visite du chantier et témoignages des habitants.
:: La résurrection d’un quartier sinistré
© Baudouin Eschapasse“ Attention travaux ! ” Au-delà de la 110e rue, le panneau est sur toutes les façades. En cette fin de journée d’avril, Harlem grouille d’ouvriers. La quasi-totalité des immeubles de Malcolm X Boulevard est en cours de réhabilitation. Les maisons effondrées d’hier sont désormais couvertes d’échafaudages. “ Avant, on prétendait que la particularité de Harlem était d’avoir une église tous les cinq pas. Aujourd’hui, c’est plutôt un chantier à chaque coin de rue ! ”, plaisante Rose, qui habite le quartier depuis 1972. “ À l’époque, la mairie offrait les titres de propriétés à ceux qui osaient s’installer dans le district, c’est ainsi que nous avons récupéré notre petite maison, poursuit ce petit bout de femme de 71 printemps. C’était une ruine, la rue entière ressemblait à un champ de bataille. Regardez autour de vous aujourd’hui. Ne trouvez-vous pas que l’endroit a changé ? ”Comme Rose, un grand nombre d’habitants de Harlem ne reconnaissent pas le quartier. Zone sinistrée, quasi-abandonnée par la municipalité au moment de la crise des années soixante-dix, le coin nord de New York revit. Les commerces se multiplient, les restaurants prospèrent, les gens marchent à nouveau dans la rue sans crainte. “ C’est une sorte de miracle, quelque chose comme une résurrection ! ” reconnaît John, au sortir de l’église (la bien nommée Salvation and Deliverance Church).À la fois rassurés par la baisse de la criminalité et contraints de quitter la partie basse de la ville (ce célèbre “ downtown ”) en raison de l’augmentation folle des prix (une chambre de 12 m2 peut désormais atteindre l’astronomique loyer de 1 000 $ par mois !), les New-Yorkais redécouvrent les charmes de ce qui fut au début du XXe siècle le joyau de Big Apple.
:: Une population qui renoue avec son histoire
© Baudouin Eschapasse“ Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Harlem était le centre du monde ”, explique avec emphase le révérend Livingston. “ La musique, la peinture, mais aussi la littérature américaine de cette époque sont nées au cœur de ce quartier ”. Pendant vingt ans, l’endroit ressemblera à un coin de paradis. “ Surtout, pour nous autres Noirs, qui souffrions encore partout ailleurs de la ségrégation ”, confirme l’homme d’église. Ce sera l’époque bénie du Cotton Club et de l’Apollo Theater : du jazz et du “ black spirit renaissance ” !Mais la guerre des gangs gâtera tout. Dès 1940, le milieu met en effet ce quartier très argenté en coupe réglée. Les boîtes de nuit et les casinos passent sous le contrôle de la mafia. Harlem ne se remettra jamais de cet épisode, dont Chester Himes a raconté le menu détail dans les aventures de son inspecteur Fossoyeur (le choix du nom n’était pas innocent).Aujourd’hui une mosquée a remplacé le casino. Et l’endroit d’où Malcolm X appelait ses frères des Black Muslims à se révolter contre le système raciste, qui prévalait avant l’adoption du Civil Rights Act de 1964, s’est lui aussi transformé en lieu de culte. “ La population de Harlem renoue avec son histoire ”, explique Sylvia Woods qui tient sans doute le plus célèbre restaurant de Harlem (le Sylvia’s). En redécouvrant ses origines dans des institutions aussi importantes que le Museo del Barrio, seul musée des États-Unis à se pencher sur la culture multiethnique de Harlem, mais aussi au Black Fashion Museum qui fête cette année son 21e anniversaire.“ Ces établissements jouent un rôle fondamental dans la renaissance de Harlem, ils permettent aussi de retisser les liens sociaux entre les habitants de la cité ”, reconnaît Ralph Lawrence qui s’est longtemps occupé d’urbanisme à la mairie de New York.À cet égard, le prochain transfert du Musée d’Art africain de Soho vers Harlem – où il devrait s’installer à l’angle de la 110e rue et de la 5e avenue, face à la statue de Duke Ellington, qui vécut non loin de là –, représente bien évidemment tout un symbole.
:: Le resto de Sylvia
© Baudouin Eschapasse
Les murs couverts de papier vert, incrusté de motifs floraux, sont surchargés de portraits de célébrités. Chaque photo a été encadrée, chaque cliché est dédicacé… Parmi les chanteurs et sportifs de renom, émergent les visages de Jessie Jackson, mais aussi de David Dinkins, l’ancien maire de New York. Un autographe de Bill Clinton trône à côté de la figure de Madeleine Allbright. Des affiches de film de Spike Lee égayent le décor sur lequel les disques d’or de Tina Turner jettent mille feux. Dans le public : Denzel Washington côtoie Quincy Jones ou Diana Ross. Et, parfois, Nelson Mandela (chaque fois qu’il passe à l’ONU, l’ex-président sud-africain y fait un crochet). Où ça ? Mais chez Sylvia’s bien sûr… Le plus célèbre restaurant de Harlem, ouvert depuis 1962 ! Au menu ? De vieilles recettes du Sud, mélange d’ancestrales traditions africaines et d’inventions purement américaines : pain au maïs tiède, poisson pané, riz jaune et épinards épicés. Une gastronomie qui revendique ses origines sudistes, des plats très caloriques, mais ô combien savoureux ! Une ambiance du tonnerre, tempérée par une note un peu salée (ce n’est pas pour rien que Sylvia roule en Roll’s Royce). Une adresse à ne manquer, cependant, sous aucun prétexte !
:: Infos utiles
Où manger ?Sylvia’s, 328 Lenox Avenue, New York, NY 10027, tél. : (212) 996.06.60.M. : 125th Strett. Plats entre 10 et 15 US$. Ouvert de 7h à 22 h 30.(mieux vaut réserver) Où dormir ? B & B off the Park : 2009-2011 Adam Clayton Powell Blvd (et 120th Street). Tel : 917-337-6847. (portable). Fax : 212-866-2347. Réservations en France, tel et fax : 01-48-95-35-52. Internet : http://www.offthepark.com/ M. : 125th Strett. 20 chambres coquettes avec sanitaires communs à 55 US$ pour une personne, 80 US$ pour deux, avec un copieux petit déjeuner. Vous trouverez des photos des chambres sur le site Internet…Notre meilleure adresse (tenue par un Français) pour dormir dans Harlem.
:: A voir (sur le Web)
Le site de Mr Beller, un jeune écrivain de Manhattan qui donne la parole aux habitants de New York. On découvre la ville à travers le récit de ceux qui y vivent. Passionnant ! (anglais)Le site officiel de la ville de New York. (anglais)Un site d’informations concernant tous les aspects de la vie new-yorkaise.Regardez le spectacle de la rue à Times Square en live ! grâce à plusieurs webcams.New York à travers les films s'y déroulant.Le site de l’érudit Harry qui propose des visites culturelles et historiques de New York. (anglais)Chester Himes on line, l’écrivain qui a sans doute le mieux décrit Harlem.
Baudouin Eschapasse Mise en ligne le 20 juin 2001
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