« Le miracle de la foi » : au cinéma comme dans une église Posté le 17 mars 2005« Le miracle de la foi », le neuvième film de Jean Gardy Bien-Aimé n'est pas un exercice sur « Jéhovah », encore moins un essai sur la religion. C'est plutôt des actes de foi. Inspiré de la réalité haïtienne, il promet une collecte fructueuse.
Le réalisateur mélange, volontairement ou non, les confessions, comme s'il avait peur d'écarter qui que ce soit et ne recherchait que l'exposition parfois aveugle d'une foi parée à toute épreuve et contagieuse, avec preuves à l'appui. Une foi qui trouve ses fondements dans ce qui se dit ou se voit. Ni plus ni moins.
Le film aurait pu s'appeler « La foi dans les miracles », si les effets spéciaux qui tentent de les rendre n'incitaient pas plus souvent aux rires qu'à l'émerveillement, d'autant plus que la musique ne sert pas ce côté sacré. Ou encore, si la tentation ne prenait pas brusquement la forme d'une paire seins un peu trop exploitée pour un film visiblement chaste.
On se demande à un certain moment si le réalisateur lui-même y croit vraiment. S'il ne fait pas que se plonger dans la peau d'un missionnaire, prêt à convertir ceux qui ont hésité à l'aimer jusqu'ici, et à séduire de nouveaux cinéphiles, misant sur son atout de toujours... le rire.
Jean Gardy Bien-Aimé a filmé avec sa bible et a joué sur les anticipations comme dans une chapelle. Avec l'idée que la salle sombre pourrait devenir une grande église. Il ne serait pas étonnant si un jour « Le Miracle de la foi » ouvrait une croisade évangélique ou si des pasteurs en venaient à conseiller leurs fidèles à aller voir le film en ces temps de modernités. Mel Gibson en avait donné l'exemple dans « La Passion du Christ ».
Il était temps ! La foi aura finalement fait son cinéma dans un pays aussi croyant qu'Haïti. Les clins d'oeil antérieurs au sacré sont aujourd'hui dépassés. Même l'apparition du réalisateur en clergyman et en prêtre conseiller dans son film précédent a l'air d'un petit échauffement avant l'entrée en matière.
Mais, comme dans « La Femme du Pasteur » de Penny Marshall, l'amour reste le poumon de l'oeuvre. Oui ! Encore un film haïtien monté sur une histoire d'amour. Jean Gardy Bien-Aimé n'aura pas donc étonné pas sur ce point-ci. Et une rétrospective sur ses huit premiers films prouvera qu'il s'agit là de son sujet bien-aimé.
Et puis voilà ! L'histoire d'amour, comme une vie pieusement menée, débouche sur une fin heureuse. Melissa (Ginoue Mondésir), la femme foi, franchit tous les obstacles au bonheur, son copain Mike (Smoye Noisy) également. Des méchants y ont laissé leur vie, d'autres ont repenti !
Ah ! Sacré neuvième film que celui de Jean Gardy Bien-Aimé. Neuf, comme les neuf choeurs des anges, des anges métissés, protecteurs et correcteurs pour ce qui concerne « Le miracle de foi », comme le réalisateur a dû en rêver dans son enfance... ou presque.
*********** « Le miracle de la foi », sortie officielle à Port-au-Prince 18 mars 2005 Un film de Jean Gardy Bien-Aimé
________________ Edgard Célestin - Richard Accidat http://www.haitipressnetwork.com